LES PÉDAGOGIES DE L’EXPLORATION AU SCANNER DES NEUROSCIENCES

Explorer procure un plaisir intense…

Pour un enfant, explorer procure un plaisir intense et une prise de pouvoir sur son environnement. Pour un adulte, c’est replonger avec délice dans ce temps qui a forgé ses premières solidités et renouer avec l’apprentissage.

Au moment où les demandes de sorties scolaires sont de retour, il semble intéressant de se questionner sur la mise en place de visites, d’ateliers pédagogiques qui soient des temps de manipulations, d’expérimentations, de découvertes, de rencontres, de jeux d’exploration, de jeux d’exercices, de jeu sensori-moteurs…

Mais quels sont les fondements scientifiques de ces outils pédagogiques que l’on qualifie souvent de “ludiques“ en rapport à d’autres jugés plus sérieux.

En quoi les pédagogies d’exploration permettent-elles à l’élève d’apprendre mieux ?

Extrait de la note Eduscol “jouer et apprendre“– Ministère de l’éducation Nationale – sept 2015
“En explorant de nouveaux espaces, matières, objets, l’enfant comprend à l’instant où il agit, et ce dès son plus jeune âge, qu’il est la cause de phénomènes qu’il perçoit par l’intermédiaire de ses cinq sens. Il prend ainsi conscience qu’il exerce un pouvoir sur son environnement. Il fait ensuite des relations entre l’action accomplie et l’effet perçu, par les répétitions du geste qui éveillent en lui étonnement, plaisir, intégration.

Au-delà de la maîtrise progressive de ses coordinations motrices, l’association entre le geste et sa conséquence constitue une première étape vers la capacité de comprendre et d’anticiper.
L’enfant développe une première forme d’expérimentation qui va s’enrichir plus tard par la diversité des situations et l’accès de plus en plus structuré au langage et à la pensée réflexive. “

J.Piaget (Psychologue du développement) évoque lui le concept de “plaisir fonctionnel“, puisé dans le plaisir d’être la cause de quelque chose, d’affirmer un savoir, d’expérimenter son pouvoir sur son environnement matériel et humain.

Prenons un exemple : Un enfant de maternelle qui trempe ses doigts dans la peinture pour la première fois et l’étale sur différents supports ressent les propriétés du liquide sur ses doigts, puis ses effets sur son environnement matériel (trace) et humain (réaction de l’adulte). L’aménagement adapté du milieu permettra d’induire des activités spécifiques sans intervention directe de l’adulte. L’enfant découvrira par lui-même, agira sur son environnement, éprouvera avec son corps, suivra ses émotions.

Ces temps d’explorations sensoriels et informels génèrent motivation, adhésion aux situations proposées, compréhension du contexte et des savoirs, meilleure mémorisation des savoirs et lien avec les prérequis des élèves.

L’erreur ou l’incertitude sont indispensables à l’apprentissage.

L’élève, comme l’adulte d’ailleurs, apprennent avant tout par l’expérimentation, c’est ce que nous apprennent les neurosciences en 2021. Ce qui remet ainsi en cause les séquences pédagogiques dans lesquelles l’adulte “sachant“ (enseignant, guide, médiateur) est omniscient et omniprésent, dans la posture de celui qui sait et qui transmet un savoir.

Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, président du Conseil scientifique de l’Éducation nationale, dans son livre “Apprendre“ chez Odile Jacob 2019, nous parle du rôle essentiel de la prédiction et de l’erreur de prédiction : “Selon un modèle en vue de l’apprentissage, notre cerveau utilise des modèles internes afin de générer des prédictions sur le monde extérieur. L’apprentissage se déclenche lorsqu’un signal d’erreur montre que cette prédiction n’est pas parfaite – donc pas d’apprentissage si tout est parfaitement prévisible.

Le signal d’erreur peut venir d’une correction explicite (enseignant, médiateur sur un site) ou de la détection endogène d’un décalage entre prédiction et observation (surprise). Les signaux d’erreur se propagent dans le cerveau, sans que nous en ayons nécessairement conscience, et ajustent sans cesse nos modèles mentaux. »

Quelques conséquences pour l’apprentissage ?

  • L’erreur ou l’incertitude sont indispensables à l’apprentissage
  • Elles n’impliquent ni sanction ni punition qui ne font qu’augmenter la peur, le stress et le sentiment d’impuissance.
  • Privilégier la motivation positive et la récompense qui modulent l’apprentissage.
  • Il y a récompense dans le regard des autres et la conscience de progresser.
  • Un médiateur ou un guide qui donne une information ou un principe ne propose pas ce stade d’expérimentation.

Les pédagogies de l’exploration s’intègrent pleinement dans les programmes scolaires avec des élèves pleinement acteurs de leurs apprentissages. Elles permettent à chacun de grandir en développant sa capacité de compréhension, d’anticipation, de créativité, d’intelligence.

Nos sites culturels et touristiques sont des lieux qui permettent une découverte d’un environnement nouveau exceptionnel. Les enseignants, privés durant ces deux dernières années de la possibilité d’emmener leurs classes à l’extérieur, sont en attente de sens, de propositions qui permettent à l’élève de s’appuyer sur du réel, sur l’expérience par le faire, pour comprendre le monde dans lequel il vit.

Marie TAMAILLON le 2 Septembre 2021

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